Spoiler:

Siégeant sur un tronc d'arbre défunt, Dalia pianotait péniblement sur l'écorce rêche et
ébréchée de la carcasse végétale. Elle songeait encore à la raison pénible de sa présence dans cette forêt. Sa patience se parsemait en petit lambeaux de colère tellement l'attente devenait insupportable. Enfin, le siffle jovial de son petit oiseau, Yune, sefit entendre dans l'enlacement des arbres. Sans plus attendre, Daliabondit du tronc et se précipita vers le sifflement du piaf. Lorsqu'elle parvint à la rencontre de Yune, ce dernier secoua sa tête négativement en guise de réponse à sa question.

_ Bordel, murmura t-elle, tout me crispe aujourd'hui et cette forêt m'inspire pas confiance.Donc il n'y a rien de ton côté ? Tant pis, on va continuer les recherches et si au bout de deux heures nous n'avons rien, je déclare forfait.


La journée l'ennuyait déjà. C'était fade, typique du tragique. Dalia avait l'impression de souffrir plus que d'autres de ce mal assez commun qu'elle appelait le mal de l'ennui. Les battements frénétiques d'ailes de l'oiseau la fit revenir à la brusque réalité. Elle tapota légèrement sur son épaule pour l'intimer à se poser s'il le désirait ; le volatile ne se fit pas prier et il se posa sur l'épaule de son amie. La couronne était une relique si importante pour qu'un peuple tout entier se mette à sa recherche ? Ne pouvait-on pas reconnaîtrel'héritière d'un peuple grâce à ses qualités plutôt qu'à un
objet simplement matériel ? Dalia soupira, visiblement excédée.

La tête de l'oiseau se frotta contre son cou, ce qui permet à Dalia d’apaiser ses pensées tumultueuses. Elle avait dû se lever tôt ce matin et n'avait pas eut le courage de se dire que cette journée serait lente et pénible. Mais elle n'arrivait pas à se rendre compte des répercussions de la disparation de la couronne, ni de sa fainéantise, et c'est ce que Yune tentait de lui faire comprendre, mais Dalia refusait de l'admettre. Ca l'emmerdait de courir après une couronne, un pointc'est tout. Soudain, elle se stoppa dans sa marche nerveuse, se permettant de réfléchir. Yune la regarda.



_ Yune, si j'étais une voleuse et que j'aurais volé la couronne. A quoi ça m'aurait servi ? Où pourrais-je être à ce moment si je savais que plusieurs mages sont à mes trousses et que -

Dalia se laisse aller au fond de ses réflexions, cale ses mains derrière sa nuque gracile, le regard errant sur la végétation, sans réponse à ses questions.

_ Eh toi ?!





Une voix, grave et lointaine à la fois retentit à ses oreilles. D'un réflexe purement naturel, Dalia pivota sur elle-même, à la recherche de cette sonorité. Quelqu'un l'avait remarqué et l'avait interpellé. Yune se mit face à la personne qui s'avançait devant eux. Vu son accoutrement, il était sûrement un autre mage venu ici pour les mêmes raisons qu'elle : La recherche de la couronne. Dalia s'avança vers lui, d'un pas assez pressé, peut-être que la journée ne serait moins ennuyante comme elle l'avait prédit. Dès qu'elle fut à une distance raisonnable de la personne, elle jugea bon de se
présenter.

_ Je suis Dalia, mage de Goblin Gold. Je parie que toi aussi, tu es mage ? Enfin bref, j'ai pas vraiment l'impression qu'on trouvera grand chose dans cette forêt...


Yune piailla en signe d'acquiescement sur l'épaule de Dalia. Mais peut-être avait-il tord.

_ Enfin, ravie de faire ta connaissance.


Et elle tendit sa main,par signe de politesse et de respect. Soudain, elle entendit un bruit, une détonation près de la position d'où ils se trouvaient. D'un coup, elle se tourna rapidement vers la source du bruit. Peut-être que la couronne restait disparu, mais ça lui important peu. La réalité actuelle, c'était que quelqu'un
s'approchait.

Les rues de Gel'Cerat, ce matin d'Aout. Il était tôt, les commerçants commençaient à peine à lever les barres de fers qui soutiendront les tentes plus tard dans la journée. Les mains qui tenaient le bras voisin, essayant de frotter les manches de sa veste pour le réchauffer. Son simple souffle créa un minuscule nuage de brume sortant du plus profond de sa gorge. Il passait dans les grandes rues, devant les commerçants qui ne le regardait pas. Personne ne le connaissait, personne ne le remarquait. C'était un fantôme dans une ville fantôme habitée par des fantômes qui ne se levaient que l'après-midi. Il passa son bras vers un stand, sans regarder ce qui était sur le comptoir et, sans chercher plus que ça, il attrapa ce qui était positionné ici, à sa portée, et l'attrapa ensuite avec sa bouche, poussant le bout de ce qu'il venait d'attraper au fur et à mesure que les miettes broyées tombaient au profond de la gorge. Il avait toujours froid, mais cette pâtisserie le réchauffait au fond de lui. Plus loin, le vendeur de journaux qui parlait avec une vieille femme ronde habillé d'un grand tablier, et qui se plaignait de son dos à chaque fois qu'elle se baissait pour attraper une des caisses de sa marchandise. L'homme aux cheveux du bleus régnant les soirs de pleine lune s'approcha du stand, regardait le vieillard à la moustache, et prenant une des pommes qui était dans une des caisses de marchandises de la vieille femme. Croquant à pleine dents dedans, il lâcha une pièce sur le comptoir. Ne faisant mine de rien, il s'asseyait dessus, attendant que les deux personnes du troisième âge reprennent leur conversation.
Alors que les yeux du jeune homme se posait sur une des plantes des alentours, c'est une histoire de couronne volée qui venait danser dans les oreilles de l'écouteur de portes. Et au même moment qu'un sourire venait trôner sur son visage, il avala la dernière bouchée de son croissant et regarda une des feuilles de la plante s'abaisser vers le sol pour faire tomber la dernière goute de rosée de la matinée. Prenant appuie sur le comptoir avec ses deux bas, il lança le poids de son corps dans ses bras pour y faire contre-poids et atterrir plus loin, sur ses pieds, se relevant et remettant droit les formes de son pantalon au niveau des genoux qui venaient tous deux de se relever.
Et le jeune homme disparaissait encore une fois, plus loin, reprenant sa route sur cette grande avenue marchande, sortant de la ville, et tournant derrière cette arbre, là-bas, à la sortie, prenant la route pour le fin fond de la forêt...



Nous voilà quelques heures après. La fraîcheur de la matinée avait laissée place aux grandes chaleurs. Le milieu de la forêt. Les rayons du soleil frappaient sur la végétation, transperçant les feuilles de certaines plantes et certains arbres, éclaircissant celles-ci, et qui ne pouvaient aller plus loin, se stoppa à quelques couches de la plante pour y faire de l'ombre. Les dessins que faisaient les rayons du soleil qui passaient au milieu des plantes sur l'obscurité des ombres des autres points de végétation n'étaient pas réguliers, ils dansaient, au fur et à mesure que les rares flux de vents qui passaient par là laissaient danser les feuilles pour les changer de positions. Tout était calme. Tout, en dehors de ces branches mortes qui craquaient sous les pieds du jeune homme de tout à l'heure qui se grattait le joue, touchant un arbre avec sa main droite pour s'y appuyer, et regardant tout autour. Le vide. Il n'y avait rien, juste des arbres. La vue se stoppait ici, à quelques mètres. Les couleurs vertes et marrons étaient les seules qui baignaient dans ce paysage qui entourait l'humain.

Poussant un soupire, il se demandait où pouvait bien être cette couronne. En tant que chef d'une des plus grandes guildes brigandes, il savait qu'il y avait un point d'échange non loin d'ici où des brigands se feraient un plaisir d'échanger une couronne contre un bon nombre de liasses de billets. C'est au moment où il allait se retourner pour partir que deux voix l'interpella. Quelques pas plus loin, il se cacha derrière un arbre, ne cherchant pas à faire dépasser une partie de sa tête pour regarder la scène, il préférait rester là à écouter la conversation plutôt que de se montrer bêtement.
Un homme qui interpellait une jeune femme. Elle ne tardait pas à se présenter. La jeune femme se présenta rapidement sous le nom de Dalia, mage d'un guilde marchande. Laisser deux personnes dans cette forêt qui pourrait voir l'homme aux cheveux obscurs aurait été du suicide. Alors qu'il s’apprêtait à les transpercer tous les deux d'un seul coup, la suite de la phrase de la jeune fille le stoppa. Elle cherchait quelque chose. Et l'homme aussi. Un sourire se découvrait sur le visage du chef de guilde. Alors qu'il avait le dos contre un des arbres, l'humidité du tronc le fait glisser. Reprenant appuie avec sa jambe à quelques centimètres des racines, une des vieilles branche morte tombée de l'arbre se craqua sous la semelle de ce dernier. Il était découvert, alors autant se montrer. L'idée, pour lui, était de chercher à trois... Une fois trouvée, la fuite serait un moyen.

« Bonjour... Je vois que je ne suis pas le seul dans cette forêt... Ethan, pour vous servir. Puisqu'on en est aux présentations, que faites vous ici ? »

Alors qu'il avait une jambe sur une des grandes racines des arbres, une autre sur la marche du dessous, sur la terre, et la main droite appuyée sur l'arbre, le sourire qu'il avait au visage était familié. Il n'avait pas qu'une bonne idée derrière la tête. Mais un plan, tout entier...

Ah, qu'il était logique pour lui de porter la couronne, quelque part... Après tout, il était le détenteur du pouvoir des rois. Le mage noir le plus en vogue du moment. Celui qui avait foutu le plus sa merde aussi, ces derniers temps. Mais ça... (Même si c'est pas rp, je suis aussi le seul mage noir actif, ça aide...) Il semblait que tous les autres mages noirs du coin étaient en train de se toucher à des endroits inavouables. Bon, c'était une chose. Mais résumons la situation au moyen d'un court flash-back interprété directement dans la narration : une douce soirée de fin d'été, un mage noir qui rentrait du boulot, deux ivrognes qui sortaient de leur complot, un coup d'épaule viril, Atios qui tombe en arrière (encore moins baraque que la mère Dalia, forcément) et qui se retrouve à côté de l'objet qui serait le lendemain, le plus recherché d'Elestraya ... La couronne royale de Deras, le royaume humain qui lui-même dominait ce monde de par sa monarchie tyrannique. Si ça, ce n'était pas un putain de coup du sort, il s'y connaissait pas. Les carottes semblaient cuites. S'il ne s'en mêlait pas, c'était une grande preuve de lâcheté. Donc il s'était saisi de l'objet précieux, l'avait caché dans son âme (histoire que personne ne puisse savoir qu'il l'avait sur lui) et avait absorbé les deux complices du groupe qu'il était venu en ces lieux, rechercher. Absorbé ? Oui, ils avaient rejoint sa court : désormais, ils étaient ses suivants et ils lui avaient révélé tout ce qu'ils savaient. Plutôt que de foncer tête baissée avec l'objet précieux jusqu'à la commanditaire du larcin, le jeune mage noir avait fait le choix le plus sage : chercher plus d'informations sur les motifs des voleurs. Le problème était qu'ils étaient, a priori, de très bons mages. Et que lui, n'était pas encore en pleine possession de ses pouvoirs perdus. Qu'à cela ne tienne, il improviserait. Pas d'autres choix. Lorsque le mage pénétra dans la forêt, il commença lentement à préparer le combat.

Son aura magique, loin d'être coercitive, se mit à lentement cristalliser la forêt autour de lui, faisant apparaître cette fameuse empreinte qu'il laissait là où il se battait. Ces cristaux étranges, qui étaient apparues avec l'évolution de ses pouvoirs, transformaient la faune et la flore, sans pour autant la faire disparaître. Même lui, ne connaissait pas les limites de sa magie et tous leurs effets, il savait au moins une chose... Elle ne perdrait pas facilement contre n'importe qui. Faisant apparaître la longue épée qui lui servait d'arme de prédilection, vêtu de son long manteau noir, le mage marchait à vitesse lente dans la forêt, à destination le lac. Ses yeux rouges remarquèrent plusieurs odeurs différentes dans la forêt. Odeurs ? Celle de Dalia. Et une autre. Un chevalier qu'il avait déjà combattu, à armes égales, voir en le dominant, mais qu'il avait laissé partir. Point de sang superflu n'est à étancher, c'est ce qu'il avait appris, après quelques mois qu'il avait passé à terroriser les paysans, les manants et les petites gens. Atios avait retrouvé la personne qui lui était la plus précieuse sur cette terre et il n'avait plus besoin de se venger. Ceci dit, il ne pouvait plus qu'assumer ses erreurs et avancer : il serait pour l'éternité la figure emblématique du mal qu'il avait voulu devenir et ferait ce qu'il pourrait, seul, dans son coin, pour aider la cause qu'il avait négligée et ses propres intérêts. C'était la voie qu'il avait choisie, loin de toute gloire et ajouts flatteurs, compliments flattant l'égo des héros narcissiques qui se battaient chacun en criant haut et forts qu'ils étaient justes. Soupirant, il s'avança devant les trois personnes présentes. Ironiquement, il y avait un mage noir, un brigand des grands chemins, une jeune femme normale et un chevalier fringuant, bouffi par ses propres idéaux et une certaines essence le portant sur les blagues ne collant pas à la situation. Le jeune homme à la longue épée traversa sans accorder un regard à l'assemblée, mais s'arrêta tout de même, pour dire :

▬ Bonjour Dalia. Je suis ici pour la même raison que vous autres. Je cherche la couronne. Quant à toi, Griffen Walendis, chevalier de Tarian, point de zèle il s'en faut, je suis ici pour vous aider à trouver la couronne.

Mensonge et masque, les armes les plus efficaces, bien qu'elles ne soient magiques que par leurs effets. Mais il allait faire un peu plus. Parce qu'Atios était lui aussi, une grosse antenne relais pour les pensées, il avait pu identifier au moins en partie les projets de l'inconnu .... Et il était temps de semer un peu la juste discorde, celle qui vous pousse à la prudence et à la méfiance. C'est pourquoi, il envoya deux messages télépathiques. L'un pour celle qui le logeait, l'un pour celui qu'il avait un jour épargné :

<< Dalia. Il faut que tu me fasses confiance... Déjà, le chevalier n'est pas quelqu'un de mauvais, mais ... C'est un chevalier. Par contre, méfies-toi de l'autre... Il veut la couronne pour lui et pour lui seul, il voulait se débarrasser de vous une fois celle-ci acquise. Si tu peux protéger mes arrières, je t'en serais reconnaissant. Pour le moment, fais comme si de rien n'était et garde un œil sur mon dos. Il est vital que tu me protèges... Ceux qui possèdent les informations que nous recherchons sont, je crois, des mages assez puissants. Et ils se trouvent au lac. Bref ... Je te fais confiance. >>

Oui, Atios estimait beaucoup la jeune mage aux cheveux d'une couleur exotique. Il estimait un peu moins Griffen, mais ce dernier, n'était pas quelqu'un de mauvais ou de sournois, ce qui n'inspirait pas la méfiance au jeune mage noir.

<< Griffen. Tu es là pour la couronne, n'est-ce pas ? Ce que nous cherchons, ou du moins, la piste qui nous mènera à celle-ci. J'ai des informations à ce sujet, que je distillerais le moment venue. Il est clair que tu te méfieras de moi, mais je tiens tout de même à te prévenir que l'homme sorti des fourrés est sûrement tout aussi un criminel que moi. J'ai pu capter ses pensées et de ce que j'ai compris, il veut voler lui aussi la couronne et il était prêt à vous tuer, avant qu'il ne révèle sa présence. Quant à moi, je n'ai pas le temps de me battre avec toi, alors fais ton boulot de gardien de la paix et suis-moi. Nous cherchons deux mages. >>

Oh, ils allaient être surpris. Jamais le jeune homme n'avait eu l'air aussi vivace et aussi actif. Ce dernier semblait avoir presque pris la tête du groupe qui venait de se former. Et pour couronner le tout, Atios se dirigeait dans la forêt, seul, à la recherche des deux mages qui étaient les lieutenants d'Asgost. Au pire, il demanderait à ses deux esclaves captifs à quoi ressemblaient leurs anciens collègues, s'ils ne trouvaient rien.

Spoiler:

L'attaque avait été très rapide. Mais Atios avait été le plus rapide. Enfin, c'était vite dit. Dans la fumée, Atios était debout, un bras pendant vers le sol. Ce dernier, son bras droit, était cassé. Pour la simple et bonne raison qu'il avait encaissé la pierre avec celui-ci. D'ailleurs, le rocher était à côté, rejeté sur le côté par la seule force du jeune homme. S'il avait pu réagir à temps, c'était car il avait gardé ses sens aux aguets à cause de ceux qui les accompagnaient ... Mais où était son épée ? Eh bien, devant Griffen. Celle-ci l'avait protégé grâce aux cercles de protections et il avait dévié le rocher mortel ailleurs que sur le chevalier du pays désertique. Sans porter un regard à ceux qu'il avait protégé, c'est plutôt vers ses agresseurs qu'il s'était tourné. Trois mages qui semblaient être très forts. Le problème était que leurs chances de s'en sortir ici étaient peu élevées. Certes, ils étaient quatre ... Mais connaissant les capacités de Griffen, de Dalia et les siennes, même réunis, ils ne faisaient pas du tout le poids. La situation semblait pratiquement sans espoir. Il s'arracha la manche droite.... Mais soudainement, une lumière bleutée apparue : une magnifique jeune femme vient prendre dans ses bras, le mage noir. Elle caressa lentement et avec douceur le bras du mage noir qui se mit soudainement à se cristalliser. Après ce long processus, le bras était de nouveau fonctionnel. Atios soupira tandis qu'une autre épée, aussi grande que celle plantée à côté de Griffen, apparut, mais d'une couleur légèrement différente. Un void virtualisé.. Il était lui aussi, fin prêt à combattre. Mais s'il l'était, ce n'était pas à cause de ses armes ou de ses coéquipiers. C'était qu'il avait le meilleur des soutiens. Ève lui déposa un baiser sur la joue de son prince.

▬ Le combat ne fait que commencer, gardes confiance en toi et en tes amis ... Tout ira bien, tant que je suis à tes côtés.

▬ Oui.. Nous allons leur montrer...

L'apparition fantomatique épaulait littéralement Atios, qui était prêt à se défendre et qui cria à Griffen :

▬ Griffen, je te la prête, pour le moment... Tu as intérêt à en prendre soin, elle est très précieuse. Dalia, en formation ... Et toi, l'inconnu, on va avoir besoin de ton aide. Montrons-leur ce que l'on à dans le ventre!

Dalia haussa le menton vers son interlocuteur, qui la dépassait en taille et qui semblait être son aîné de quelques années déjà. A la nouvelle que lui annonçait Griffen, Dalia resta morne. Il lui arrivait parfois, quand elle était seule, d'entendre grincer cette superficielle tranquillité. Elle s'écoutait parler et cela sonnait faux, ce n'était pas elle qui parlait, c'était une autre, une autre pour laquelle elle n'éprouvait aucune once de respect, très peu d'amitié, une fille pas très courageuse, et beaucoup trop paresseuse. Ses yeux se plissèrent, son visage se muait en une émotion pour le moins rassuré. La couronne n'était pas loin, sa paresse s'extirperait sûrement avec la présence de Griffen. Elle lui offrit un léger sourire et hocha la tête.

Jusqu'à l'apparition d'une nouvelle personne.
C'était inédit.
Un peu trop étonnée, Dalia était déjà face à lui, les paupières qui clignaient un peu trop rapidement pour incarner sa surprise.
Elle se demanda même s'il n'y avait pas eu un rendez-vous spécial pour tout les mages à la recherche de cette futile couronne.

Un jeune homme, à peine plus âgé qu'elle venait de faire son entrée. Il se présenta sous le prénom d'Ethan, son visage incarnait celui d'Emile. Dalia crut rêver et bascula dans le vide. Le vide d'elle. Elle devint lisse, blanche, immobile. Quelques secondes après, un léger sourire étira les lèvres de la jeune fille, une personne en plus était toujours la bienvenue. Les recherches seraient sans doutes plus fructueuses et moins désagréables en équipe. Elle l'accueillit d'un signe de main chaleureux.

_ Bienvenue ! Voici Griffen, et moi, elle posa une main au dessus de sa poitrine, juste au dessous du cou, je suis Dalia ! Enchantée.

Elle avait déjà le sourire aux lèvres, Dalia. Décidément, la journée fade qu'elle s'était maussadement imaginé s'était transformé en quelque chose d'inédit. Quelque chose qui la rendit instantanément joyeuse. Encore quelques secondes s'étaient distillées dans le temps, et une nouvelle présence familière se fit ressentir. Dalia pivota légèrement vers l'origine de cette aura, à peine eût-elle le temps de finir son demi-tour qu'elle l'aperçut...

Atios, prince déchu de nos temps.
Au visage triste mais beau, à l'allure frêle mais forte. Aux yeux vides, mais audacieux. Dalia releva ses cheveux roses, à moitié étonnée, à moitié soulagée aussi. Elle s'était prise d'affection pour ce jeune mage. Elle voulait préserver, sauvegarder, protéger cette part d'innocence qu'elle avait aperçut lorsqu'elle l'avait sauvé et s'était retrouvé avec lui. Un nouveau sourire naquit du bout de ses lèvres, et ses grands yeux furent ravies de l’apercevoir. Yune s'envola dans sa direction et se posa sur son épaule pour le saluer. Dalia, elle, se contenta d'un bref signe de tête.

_ Dalia. Il faut que tu me fasses confiance... Déjà, le chevalier n'est pas quelqu'un de mauvais, mais ... C'est un chevalier. Par contre, méfies-toi de l'autre... Il veut la couronne pour lui et pour lui seul, il voulait se débarrasser de vous une fois celle-ci acquise. Si tu peux protéger mes arrières, je t'en serais reconnaissant. Pour le moment, fais comme si de rien n'était et garde un œil sur mon dos. Il est vital que tu me protèges... Ceux qui possèdent les informations que nous recherchons sont, je crois, des mages assez puissants. Et ils se trouvent au lac. Bref ... Je te fais confiance.

Quelque chose s'était immiscé à l'intérieur de son encéphale, un message, de la part d'Atios. Comme toujours, il tentait toujours de la mettre en garde. Griffen lui avait aussi parut sympathique, loyale et fidèle à ses principes. Les qualités essentielles qu'elle s'était imaginé qu'un chevalier devait posséder. Je te fais confiance. Ces mots furent assez puissant et assez plaisant pour qu'une lueur espiègle scintille dans ses yeux.

_ Je te fais confiance, compte sur moi.

Les battements d'ailes frénétiques de Yune la firent revenir à la réalité, elle secoua légèrement son visage. Atios semblait réellement lui faire confiance, et il semblait réellement vouloir qu'elle assure ses arrières. Alors d'un mouvement souple et fêlin, Dalia, mine de rien, se plaça derrière lui en étant tout aussi proche qu'éloignée. Assez proche pour le surveiller, assez éloignée pour ne pas éveiller ne serait-ce quelques soupçons. Pourtant, Ethan lui semblait tout aussi sympathique. Elle lui fit de nouveau signe pour qu'il s'avance.

_ Dans ces cas-là, il faudra que nous soyons réellement soudés les uns aux autres pour -

Son cœur se mit à battre une chamade désordonnée, prêt à exploser de sa cage thoracique. Le mouvement d'attaque fut vif, rapide, impossible à appréhender. Le grondement fut sourd, et Dalia, inattentive, n'eût que pour seul réflexe défensif en appréhendant le danger, de placer ses bras en X devant sa tête comme seule acte de défense. Néanmoins, la douleur ne fut pas ressentie, ni subit. Lorsqu'elle osa ouvrir ses paupières, elle aperçut le bras brisé d'Atios en face d'elle. Ses lèvres esquissèrent un mouvement, elle voulut tendre sa main, mais une lumière bleutée fit son apparition, et se chargea de guérir son bras meurtri par le coup d'attaque.

Les adversaires s'étaient avancés, rien qu'à leur vue, Dalia frémit légèrement.
Ils étaient forts, très forts, trop forts.
Rien que pour avoir effectué une attaque combinée, leur niveau devait déjà dépassé la normale.
Elle n'était pas à la hauteur.

Yune couina légèrement. Dalia le pressa contre elle et lui intima de partir, quand l'oiseau prit son envol, son regard évolua. Pas de fuite, elle était ici pour un but : retrouver cette couronne. Sans plus attendre, elle se mit en position de défense, sur la pointe des pieds. Prête à une potentielle offensive si l’ennemi était entreprenant. Au fond, dans le loin, elle crut percevoir une voix résonnait dans ses tympans, quelque chose comme un : « Dalia, bats toi, et n'abandonne pas. »

Quelque chose sortie doucement des fourrées, les faisant danser et tournoyer les ombres qu'elles émettaient au sol. Un bout de chair en sorti. Les rayons du soleil venaient éclairer la peau blanche de l'individu. Après le bras c'est un corps entier qui en sortait. La chevelure châtaigne de l'être mettait en évidence une mèche plus claire que les autres. Sous la vue d'un troisième inconnu, le maître des roses qui venait de sauter de la dune de terre fit un pas en arrière. Il ne l'avait pas senti arriver et pourtant la terre était sans doute la seule chose sur laquelle il pouvait compter. L'homme se présenta sous le nom d'Atios. L'instant de silence qu'il imprégnait dans l'air n'avait fait qu'offrir des doutes au manipulateur. S'il ne l'avait pas senti, cet inconnu avait très bien pu voir de ses propres yeux l'action d'Ethan avant de se montrer. S'il en informait les autres, c'était fini. Fini de deux façons : pour Ethan, ou pour eux. C'est au moment où Ethan allait intervenir dans la conversation silencieuse que quelque chose passa à une dizaine de centimètres de sa tête. La frange qui tombait sur ses yeux se leva sous le courant qu'avait fait le lourd objet en tombant, ses yeux devinrent noirs, la seule réaction était un bon en arrière ? Et la miraculeuse protection d'Atios venait à un point nommé. Le fait d'éviter de montrer ses actions n'était pas une bonne idée. Mais malheureusement pour lui il le fallait. Ce n'était pas un objet qui venait de tomber. C'était tout autre chose. C'était... vivant.

Lorsque la poussière soulevée commençait à descendre, ce n'était plus une chose, mais bien trois ombres qui s'avançaient. Le dôme de glace qui avait prit vie au dessus des têtes du peuple commençait à s'effriter sous la protection qui avait eu lieu. Un pas sur le côté, un pas vers l'avant, les pas de danse du membre de Rogue Knife, les mains dans les poches, n'avaient servit qu'à laisser les quelques bouts d'eau gelée tomber près de lui. La poussière tombait. Laissant les trois idiots se montrer. Les yeux bleus d'Ethan tombaient sur la chevelure d'une des personnes. Une chevelure blonde, aussi jaune et claire que le soleil. Il s'approcha à la suite du cou de Dalia, cette jeune femme aux cheveux roses, et, remettant sa voix grave à la douce oreille de celle-ci, il ne fit qu'ouvrir la bouche pour briser le silence de peur.

« Dommage, elle est bien jeune... Ça te dis qu'on s'en occupe à deux ? »

La fin de sa phrase s'appauvrissait petit à petit qu'il parlait. Le vent fit voler les cheveux de la jeune femme, les faisant danser près des yeux du brigand. Ils lui étaient familiers. Un brin de lumière dans un cœur sombre. Le brin qui le transperça. Il ne fallait pas y penser. Pas maintenant. Elle lui ressemblait tellement... C'était ce pic rose qui lui transperça le torse. Une douleur mentale. Mais ce n'était pas le seul pic qui allait arriver. L'air qui frappait les feuilles des arbres de la forêt n'avait plus le même bruit. Ce bruit renvoyé par la végétation qui bougeait. Cet air là, il était coupée. Tournant la tête vers le devant, toujours près des épaules de Dalia, ses yeux bleus lui montrèrent le message. Un objet fait d'acier fendait ce mouvement de l'air et arrivait vers eux. Le bras du brigand parti sur le côté opposé et envoya la femme à la chevelure rose au sol, se jetant sur le côté pour esquiver l'arme.

« Tu vas souffrir... »

Et puis voilà que s'avancèrent deux autres personnes. Un brun une identité inconnu. Il avait la moitié d'une ressemblance à la race humaine, sa peau était faite d'écaille, il était humain sans être humain, ce n'était qu'une chose : un monstre. Et il semblerait que les quatre personnes à la recherche de la couronne n'allaient pas décider elles-mêmes de la composition des combats, mais bien leurs ennemis.