Thème choisi conjointement 8D

Atios était parti vers Tarian, le royaume le plus pauvre de tout Elestraya. Les rumeurs disaient que les chevaliers de Tarian étaient des gens fiers ; ceci dit, avoir classe quand on est le tiers-monde d'Elestraya, c'était sûrement compliqué. De toute façon, il les imaginait avec une djellaba et montés sur des chameaux-poneys. Enfin, il allait apprendre à les connaitre, les chevaliers de la guilde de Djinn Arms. Des chevaliers affiliés au bras du génie ? Au bras cassé, surtout oui ... Enfin, ils étaient nombreux à l'avoir cassé, à travers Elestraya. Pourquoi ? Étant donné qu'un clampin qui se décide à provoquer la fin du monde sans que quiconque ne vienne l'arrêter après un seuil de victime mensuelle au-dessus des 150 morts, ils attendaient quoi ? Qu'il se décide à raser un village tout entier ? En tout cas, prochaine étape de sa quête vers le pouvoir : tuer un lieutenant de l'armée royale de Tarian, qui aurait a priori, tuer la femme d'un homme, car cette dernière avait refusé de coucher avec ; bon. Affaire de mœurs. Un mec un peu trop tactile. Ce ne serait pas une grosse perte, tuer cette larve de l'armée Tarienne ne serait pas réellement quelque chose d'effroyablement mauvais, il avait même plutôt tendance à croire que du coup, il débarrassait Elestraya d'un chancre abject. Il faisait même œuvre de salubrité publique ... Enfin ... Salubrité. Il en doutait ; cela finirait soit de façon sanglante, soit de façon cristallisée. D'ailleurs, pour ses récents hauts-faits, il avait pris un rang sur le système des mages. Il progressait. C'était déjà ça. Mais il n'aurait jamais cru ce qui allait se produire.

Dans l'étendue jaune, dans une désolation vide d'homme, il frôla un voyageur sur la route. Une cape blanche, des cheveux broussailleux de couleurs brun clair ... Une épée. Un chevalier Tarian. Pas de de dada du désert ? Admettons. Il sembla ne pas le reconnaître, donc le jeune homme passa, sans chercher à faire plus de vague ; son épaule frôlant celle du chevalier Tarsien. Les choses auraient pu se conclure là, sans plus ... Mais Atios avait sous-estimé sa réputation. Entendre son prénom le surpris, mais rien ne fut visible. Impossible que quelqu'un puisse le voir, le dos tourner. Quelques secondes s'écoulèrent en silence, son manteau noir virevoltant sous le mouvement couplé au vent. Quelques ballots de poussières roulèrent entre eux. Le jeune mage noir écouta le chevalier royal lui faire une improvisation concernant ses motivations. Il allait devoir combattre, il semblerait. Atios soupira, impassible. Il tendit le bras vers la droite, paume ouverte, doigts écartés. Une lueur bleutée s'échappa, prenant la forme de la Singer's Sword, lentement. Il se retrouva armé de l'épée-coeur d’Ève, prêt à se défendre. Une certaine tension s'était répandue dans toute la lande vierge et inapte à l'agriculture de Tarian, d'autant que le jeune garçon n'avait pas cherché à se retourner pour faire face à son adversaire. Il avait ramené son bras près de son corps, attendant une action de la part de son agresseur. Rien. Un chevalier, sûrement, qui n'attaquait pas de dos. Trop loyal pour ça. Alors, finalement ... Il soupira et se retourna, pour faire à celui qui était légèrement plus petit que lui.

La tension était là, quoique silencieuse... Le vent soufflait au loin, dans cette lande déserte. Ils étaient bel et bien dans le royaume le plus chaud d'Elestraya. Le manteau dansant dans les bourrasques sableuses provenant du désert pas si loin que ça, Atios fit un lent volte-face, regardant en face pour la seconde fois de la journée, celui qui était un défenseur de l'ordre et de la loi. Le mage noir ne fit pas de réponse. Trop Taciturne. Atios leva la pointe de la lame vers le cou de son adversaire. D'ailleurs, avec le bras du jeune homme et la longueur de l'épée, monstrueuse, gargantuesque. Des filaments d'une couleur claire et chromée s'échappaient de l'arme. Sous les pieds du jeune homme, un cercle bleuté sous ses pieds se mit à tourner lentement sous ses pieds. Le silence était à son comble. Les deux épéistes (quoi que Griffen était peut-être plus vieux que lui ?) étaient prêts à se défier l'un l'autre. Il eut un moment d'hésitation, une fraction de seconde où il se rappela la scène fatidique où il avait tout perdu. Là où lui et Adam s'étaient affrontés, jusqu'à ce qu'il gagne et perde tout ce qu'il lui restait de cher à ses yeux. Un battement de cils plus tard, le cercle sous ses pieds disparut ... Son bras partit vers l'avant. Un cercle apparut. En ayant usé de son bras plutôt que de la lame, il voulait faire fuir son adversaire, lui montrer à quel point il pouvait être dangereux. Le cercle alla à la rencontre du torse de Griffen, avec une force suffisante pour faire voler sur plusieurs mètres un être humain normal. En prenant compte l'armure de celui-ci, il risquait fortement de tomber en arrière ou de reculer de plusieurs mètres. Un moyen de mettre en œuvre sa domination, de causer la terreur chez son adversaire.

Et de la part d'un gringalet fin comme une brindille, il était compliqué de se dire qu'il était un meurtrier de masse et le criminel le plus recherché ces derniers temps.

Son adversaire était confiant ; du moins il savait comment engager le combat. Il était clair que ni l'un ni l'autre n'avaient envie de discuter de la situation et d'arranger celle-ci de façon diplomatique. Malgré le coup dans le torse, le chevalier resta debout, quoiqu'il eût du mal à encaisser le choc. C'est normal. Le fait qu'il soit encore debout témoigné que ce n'était pas qu'un simple mage ou un simple civil. Il était réellement un chevalier qui avait dû subir un entraînement militaire pour pouvoir porter une armure aussi épaisse sans en ressentir le poids. En tout cas, celui qui portait la cuirasse semblait déterminé à rester quoiqu'Atios avait prouvé qu'il n'était pas qu'un simple petit mage noir lambda. Mais l'homme qui lui faisait face, qui semblait avoir son âge ou un peu plus, ne se laissait pas abattre et ne laissait pas tomber son ambition de le ramener en prison. Soit, dès le début, il avait prévu de se défendre de toute façon. Oui, il était sûr de lui et savait lui aussi, comment se défendre. Au final, l'épée d’Ève ne lui serait peut-être même pas nécessaire. Le combat allait sûrement être rafraichissant. Combien de temps n'avait-il pas eu d'adversaire de valeur ? Combien de personnes s'étaient levées vers lui pour l'attaquer et mourir peu de temps après ? Oui, cela pouvait être intéressant. Peut-être que cela ferait un entraînement intéressant. Aucun mage des guildes royales n'était connu comme des mages puissants. Il ne sous-estimait pas celui qui lui faisait face, mais ce dernier était inconnu au bataillon. Et c'est bien pour cela qu'il ne prenait pas du tout peur.

Il parla. La terre mère ? Atios sourit, impétueux. De son bras libre, il fit un signe de la main vers lui, une invitation à commencer le bal, provocant. La voix grave, quoi que calme, si différente de la sienne, signifia qu'il préparait un assaut. Il sentit un mouvement sous ses pieds. Il fit un salto arrière, gracieux, regardant son adversaire s'affairer à ... Bouger quelque chose sur un bracelet ? Que pouvait-il être ? En tous les cas, le mage noir retomba, face à son adversaire, l'épée sur le côté, plein d'ouvertures factices, le regard impassible, quoiqu'un petit sourire provocateur aux commissures des lèvres. Encore une petite bravade alors qu'il s'avance, lame en arrière. Atios lance son épée, la faisant passer d'une main à l'autre. Une rotation, pour mieux couper tout sur un rayon de plus de deux mètres, forçant Griffen à se baisser. Le mage noir, son mouvement rotatif terminé se remet en garde, l'épée tenue à deux mains comme on l'aurait fait avec une épée à deux mains normale, levant la lame en arrière pour faucher verticalement à l'avant, provoquant un violent choc entre les deux lames. Les yeux cramoisis du mage noir purent contempler le visage de son adversaire. Son sourire disparut alors qu'il ferma les yeux. Un profond soupir.

Tu ne peux pas gagner.

Mais Griffen n'écouta pas, alors que le message télépathique partait, il appuya sur la Singer's Sword vers l'avant, provoquant étincelles et frottements métalliques dans un concerto pour guerrier. Il se battait pour sa liberté, mais il fallait l'avouer : jamais depuis le début du combat, celle-ci n'avait pas encore été mise en cause ; notamment parce que le chevalier de la guilde royale Tarienne n'imposait pas de menace concernant celle-ci. Ou du moins, pas de véritable menace... Ou simplement pas encore ; peu importe. Pour le moment, le combat était mené par ce dernier, bien qu'Atios contrôlât totalement la situation. Clanc. Atios est forcé de reculer en arrière par la charge, sa garde s'ouvre un peu. Un nouveau bond, il se retrouve dans les airs. Cette fois-ci, son esquive se transformerait en contre-attaque : un second cercle apparut, qui servit de tremplin au mage de Dead Breath pour tenter de l'empaler sur la longueur de lame à grande vitesse. Ceci dit, avec aisance et grâce, le mage de la guilde royale de Djinn Arms roula sur le côté, esquivant l'attaque. La lame aurait dû se planter dans le sol, mais son adversaire choisit la force. S'il pouvait bloquer totalement l'assaut aérien du mage noir grâce à sa force brute, il était fort possible pour qu'il puisse le déstabiliser et violemment l'agresser ... Hélas pour lui, les voids étaient des objets divins, fait d'un matériau léger pourtant résistant. Et le résultat fut simple ... Tellement simple qu'Atios se mit à sourire, victorieux ; ce qui était très rare. Parmi les étincelles s'échappant, le chevalier royal écarquillait les yeux, totalement surpris.

Et bien entendu, la gravité, la force physique accrue procurée par l'épée-coeur d’Ève suffit à briser la poigne de son adversaire, sa lame devant abdiquer, alors que la l'épée du mage noir griffa la plaque de l'avant-bras pour mieux éclater la protection du bras et du coude et s'enfonçant à travers celle-ci. La première blessure du combat qui s'annoncerait tenace. Reposant ses pieds au sol, Atios parti en arrière se remettant en garde, prêt à bloquer les coups qui fusèrent à grande vitesse. Les lames cliquetèrent, encore et encore, son adversaire ayant compris que les assauts harcelants étaient plus utiles que ceux brutaux. Soudain, son adversaire passa dans son dos, telle une foudre de guerre. Atios tenta de se retourner assez vite. Trop tard, le cercle était bien-là, mais il céderait. Alors, il plaça ses deux pieds sur le torse de Griffen et s'éjecta de lui à toute vitesse, manquant que l'épée de ce dernier ne traverse pas sa protection vers son coeur. Propulsé dans les airs, têtes en bas, le mage noir faucha l'air, lançant un projectile horizontal pour tenir à distance l'épéiste aux cristaux après qu'il ait sûrement dû reculer sous la pression du cercle ayant servi à les séparer. Le jeune criminel se rétablit sur ses jambes, avant de se mettre à fixer son adversaire légèrement blessé. Dans un soupir, il leva sa main libre vers le chevalier en armure, avant de serrer le poing. Sur la blessure se mit à se cristalliser dans un horrible processus où la blessure, à vive, allait s'arrêter de saigner. Atios venait de le contaminer avec le virus de l'apocalypse.

Le cristal se répandit dans la chair et vers l'extérieur, cruel, mais se brisa quand le jeune homme desserra avec brusquerie sa poigne, provoquant des jets d'éclats à l'intérieur de la plaie. Puis, Atios répandit lentement sur le sol, les cristaux, transformant le sol en désert perlé, la lande désolée voyait de magnifiques cristaux apparaître. Son adversaire était très fort. Le mage noir était forcé de l'admettre : il se battait avec une technique meilleure que la sienne, il était plus résistant physiquement... Et il se battait pour la paix. Mais il n'allait pas sacrifier la vie qu'on avait sauvée pour les autres. Il vivrait pour mettre fin à la folie des races d'Elestraya. Le vent se mit à souffler encore plus fort, alors que l'échange s'était stoppé, provoquant un lourd silence où le cristal se répandait lentement, passant derrière Griffen désormais. Le mage noir fit disparaître la Singer's Sword et fit apparaître les Shears of Life. Pointant les ciseaux en forme d'épée courte vers son adversaire, il était prêt à continuer de l'affronter désormais, mais avec une arme plus adaptée à la taille de l'épée de Griffen. Il se remit en position défensive, l'arme légèrement en retrait par rapport à son bras.

Pars et va sauver ceux que tu peux, en commençant par toi-même ... Tu as plus à perdre en continuant à m'affronter qu'en me laissant passer.

Atios aurait pu très facilement tuer Griffen. Notamment parce que les cristaux étaient des amplificateurs pour sa magie. Infecter le chevalier Tarian avec le virus de l'apocalypse et faire partir son âme de son corps ... Lui retirer son void ... Les choix étaient multiples. Pire encore, le pauvre Griffen laissait ses pensées à l'air libre et le mage noir avait entendu les raisons et les projets du chevalier encore frêle et faible. Il n'y avait pas besoin de décrire par mille épithètes le combat. C'était de l'escrime pure et dure, ils fonçaient, leurs armes s'entrechoquaient, la configuration spéciale de l'arme d'Atios et sa capacité à lire l'esprit de sa proie n'aidait pas celle-ci à se défaire de lui, au contraire. Cruellement, ou peut-être par jeu, ce dernier laissait son adversaire se donnait à fond, une façon peut-être de le pousser à s'améliorer ou de le mépriser ? Bonne question, n'est-elle pas ? Atios ne répondit rien quand ce dernier se décida à partir. Tant d'effort pour rien, lui qui n'avait au final, pas révéler ses propres cartes ... Enfin, c'était comme ça. Il y avait des confrontations qui feraient écho à de futurs affrontements. C'était logique. Lui avait choisi une voie trouble et pleine de crimes, qu'elle soit bonne ou mauvaise, il ne pouvait que se confronter à nouveau à Griffen tôt ou tard, défenseur de la justice des hommes.