- Hoy Laaaaaciiiiiie !
La forme humaine, que seuls mes petits yeux étaient capables de voir, secoua la bras droit en l'air de droite à gauche, un grand sourire sur les lèvres. Il s'approcha de moi, insouciant.
- C'est ton père qui m'envoie, Lacie.
Il regarda de droite à gauche, puis pencha sa tête vers la mienne, chuchotant dans mes oreilles.
- Il m'a confié une mission... De te protéger... Ma très chère Lacie.
Je le repoussais en arrière. Les gens autour de nous sur la place me regardèrent comme si j'étais folle. Ils ne voyaient bien sûr pas le démon qui me faisait face. Je leur tirais simplement la langue, et, surpris, ils passèrent leur chemin. Le démon leur sourit malicieusement malgré que ceux-ci ne le voient pas, puis s'en retourna vers moi.
- Allez Lacie-chan ! Laisse moi te protéger. Je veux être ton fervent chevalier servant !
Il avait dit cela en une phrase qui possédait le même ton que prenait un enfant qui faisait un caprice pour une sucette. Et sans même que je m'y attende il se jeta à mon cou. Je le repoussais d'un coup de pied dans le ventre, l'envoyant valser dans une ruelle où je le rejoignais peu de temps après. Il avait la tête baissée, et je le surplombais étant débout et lui assis, effondré contre un mur.
- Et maintenant, tu vas faire quoi, Lacie ?
Je lui répondis d'un nouveau coup de pied mais cette fois ci dans la figure. Sans lui laisser le temps de se relever, je l'attrapai par le col et le levais au dessus de moi.
- Ne me sous-estimes pas.
Ma voix s'était faite neutre, sans empathie ni haine. Dépourvue d'émotions.
- Et que vas-tu faire, Lacie ? Je ne riposterais pas tu sais... Ma tendre Lacie... Cela va faire huit ans que je te cherche, tu en as conscience ?
- C'était pas la peine de me chercher, dis-je tournant la tête sur le côté lumineux. Et me fais pas de cinéma, t'es un Démon, me trouver doit pas être si dure que ça. Ou alors tu sais pas bien chercher mon pauvre.
- Hmm... N'es-tu pas un Démon toi-même ? Peut-être que je ne t'ai pas trouvé parce que je n'en avais pas vraiment l'envie... Tu sais, ça parle plutôt pas mal dans notre monde, Onii-chan.
- Arrêtes de m'appeler comme ça.
- C'est bien ce que tu es non, Onii-chan ? Ma sœur adorée ! Que j'ai juré de protéger dès ta naissance. Tu ne te souviens pas ?
- On a pas la même mère, Mak'.
- Non mais le même père ça oui. Et je te rappelle que ta mère est comme la mienne, c'est elle qui a fait mon éducation après tout. Dis-moi, tu as fait quoi durant toutes ces années, Petite Soeur ?
Je soufflais. Je n'avais aucune envie de lui raconter. Mais déjà, je m'étais calmée. Retrouver mon frère n'était peut-être pas si mal que cela. Il y a longtemps, lui et moi étions liés comme les deux doigts de la main. Mais ça, c'était avant et beaucoup de choses avaient changés.
- Si je te raconte, tu t'en vas après et feras comme si tu ne m'avais pas revu ?
- Oui Onii-chan.
Il me fit un grand sourire d'idiot.
- Je viens pour donner des nouvelles à Père.
Il eût un soubresaut et toussa, crachant un peu de sang. Je fis comme si je n'avais rien vu. Je haussais les épaules intérieurement : il s'en remettrait, un peu de sang ne le tuerait pas après tout.
- Attends petite sœur, je vais te raconter une histoire...
Je n'eus pas le temps de réagir que Mak' tourna la situation à son avantage, me plaquant contre
le mur où lui même était collé quelques secondes plus tôt. Je fus stupéfaite. Il était plus fort qu'avant. Je me débattais, mais il usa de sa magie pour m'empêcher de bouger. J'avais beau me débattre de quelque manière que ce soit, rien ne marchait. Il ria, d'un rire enfantin. Je décidais de ne plus bouger. De toute façon, se débattre ne servait à rien. Le Démon s'approcha de moi et commença à me chuchoter cette fameuse histoire à l'oreille.
- C'est l'histoire d'une humaine qui, à ses six ans, fit la rencontre d'un Démon, par hasard, dans une simple ruelle de la capitale de Deras, Olympie. La petite fille ne vit rien, mais elle entendit une voix résonner dans sa tête : « Oh, je crois que nous nous sommes trouvés. Et je pense que nous ferions mieux de nous cacher... ». La voix s'arrêta alors. Puis recommença quelques minutes plus tard « Cours petite, nos âmes en dépendent ! ». Les gardes arrivèrent alors par trentaine. La fillette, apeurée et n'y comprenant rien, s'enfuit alors. Elle trébucha et un garde lança une épée en sa direction. Le décor sous les yeux de la fillette disparut, et le garde la vit disparaître. La petite se retrouva dans un monde n'étant pas le sien. Celui des Démons. Un Démon de deux ans son aîné fit son apparition, lévitant au dessus de la fillette. Il la regarda bien et détourna la tête. La petite regarda alentour et se mit à pleurer, pensant qu'elle s'était perdue dans ses propres cauchemars. « Tu ne t'es pas perdu, idiote. Je suis Printo, Prince de ce Monde oublié. Et que tu le veuilles ou non maintenant tu es en danger. Tu vas rester habiter ici avec moi. Ce monde se forme par mes propres volontés. » D'un geste des mains, en effet, l'espace qui semblait être totalement vide devint une jolie chambre richement décorée d'objets humains. « Je suis ton âme-soeur, Lena, c'est ça ? C'est bien ton nom, pas vrai ? Je me suis permis de lire tes pensées et je ne m'en excuse pas. Et bien Lena, toi et moi, nous avons un contrat sur nos âmes qui nous lie, et tous les pays de ton Royaume veulent ta mort. Tu es désormais une enfant du malheur, parce que tu as pour âme sœur un démon. Moi ! »
- La petite fille grandit caché de tous. Elle était recherchée par tout le Royaume. Dix ans passèrent, où elle se prit d'affection pour son Démon d'âme sœur. Ce qui prouvait que tout était possible. Un Démon et une Humaine pouvait s'entendre à merveille. Elle décida de rejoindre son monde. Printo, au départ, ne voulut pas. Et il ne voulut jamais avouer s'être lui aussi pris d'affection pour l'Humaine, il disait ne pas tenir un poil à elle. Mais en fait, il ne voulait pas la laisser partir pour la protéger. Après que Lena ait insisté, Printo accepta sous une condition : qu'elle sache se défendre. Il lui apprit l'art des armes blanches durant deux années. Âgée de dix huit ans, Lena put retourner dans le monde qu'était le sien. Elle chercha à joindre ses parents mais quand ceux-ci lui ouvrirent la porte et apprirent qui elle était, ils appelèrent les forces de l'ordre derrière le dos de leur fille. Une dizaine de mages expérimentés dont deux Dnarcessm pointèrent le bout de leur nez durant la nuit. Printo protégea tant bien que mal Lena. Celle-ci laissa presque sa vie durant le combat qui se passa sur la place centrale. Un long combat, très éprouvant. Les deux âmes-soeurs durent survivre. Printo, pensant que Lena était sur le point de produire son dernier souffle, lui avoua qu'il l'aimait... La force de l'amour. C'est beau, n'est-ce pas, petite sœur ?
Il s'arrête quelques secondes, les yeux perdus dans le vague, imaginant lui même l'histoire qu'il me racontait. Je la connaissais par cœur, cette histoire. Celle de mes parents .
- C'est ce qui garda notre mère en vie. La force de l'amour. Dans un sourire, elle lui avoua elle aussi l'aimer. Je fis alors mon apparition, fruit du Joujou-Démon de Père. Ma mère biologique quoi... Lena et Printo s'installèrent tous deux dans une forêt, cachés de tous. Mais Père devint bien vite le Roi, à peine un an plus tard. Il me confia à sa bien aimée. C'est pour cela que je la considère comme ma mère. Cinq ans plus tard, tu vis le jour. Ma chère petite Lacie... J'avais cinq ans. Bien vite, la nouvelle fit le tour de notre Monde, à nous Démon. Père se fiança avec ta mère, Lena. Et bien sûr, le Royaume d'où ta mère venait, celui où tu avais vu le jour, l'apprit lui aussi, quelques peu en retard. Tu avais deux ans déjà. Qu'ils sont lents...
Il sourit à sa propre remarque.
- Au départ, tu as vécu dans le monde des Humains, mais je t'emmenais de temps à autres avec moi dans notre Monde. Tu es la première Mi-Démon, et tu avais les pouvoirs de notre Race mais tu ne savais pas les utiliser. A vrai dire, personne ne connaissait leur existence. Et puis un beau jour, alors que tu n'avais que sept ans et voulais à tout prix voir Père... Enfin je n'étais pas là pour t'y emmener... Et bien tu es apparu, comme ça, dans le Palais. Quelle surprise quand je suis tombé sur toi par hasard dans un des couloirs. C'était le bon temps, après cela tu es souvent venue me voir. Et tu t'es fait bon nombre d'amis parmi les nôtres. D'ailleurs, ton apparence Démon est tellement mignonne... Tu faisais craquer tous les sexes opposés au tien, tu te souviens ?
- Je ne veux pas me rappeler. Laisse moi...
- Dix ans. Tu avais dix ans quand c'est arrivé, n'est-ce pas ?
Ma tête n'étant pas retenue, j'eus la bonne idée de lui mettre un grand coup de boule. Son front se teinta d'une marque rouge et il se le tint durant quelques instants tout en râlant, puis il me sourit, une main maintenant toujours l'endroit où j'avais frappé.
- Ils vous ont retrouvé, mère et toi... Une grosse masse de mages et de force de l'ordre apparurent dans la forêt sans qu'aucun de nous ne s'en rende compte. Pourtant, il y en avait des défenses... A croire qu'ils les ont contrés. M'enfin... J'évite les détails. Mère est... morte... la maisonnette a brûlé, ne laissant après elle que les briques noircies par la fumée. Grâce à tes pouvoirs de démon, tu as pu t'échapper et rejoindre notre Monde, nous prévenir. Mais il était trop tard...
Mes larmes ne coulaient pas. C'était il y a si longtemps que la plaie de mon Coeur s'était atténuée jusqu'à disparaître.
- Ne joue pas la dure, Onii-chan... Je sais ce que tu ressens...
- La ferme. Tu ne sais rien.
- Tatata je n'ai pas fini mon histoire.
- Ta gueule.
Il rit calmement tout en plaçant la paume de sa main contre ma bouche pour m'empêcher d'émettre quelques sons que ce soit.
- Je continue. Nous avons réussi à contenir ta colère et ton envie de vengeance quelques temps, mais ta haine était trop grande et continuait de croisser de jour en jour, d'heure en heure, de seconde en seconde. Père, lui, resta impassible et devint plus dure avec le temps bien qu'il n'arrêta pas de penser à sa belle... Il voulait te faire sortir de ta « cage de contenance » faite d'une grande intensité de magie amassée, mais pour cela, il fallait que tu te calmes. Pour ne pas que tu ne puisses éclater dès ta sortie et tout détruire sur ton passage... (Et oui ton pouvoir est grand Nee-chan ! En même temps, tu es le fils d'un Roi Nee-chan !) … Il scella tes pouvoirs en la seule personne en qui tu avais le plus confiance. C'est à dire moi.
Je lui mordais la main, qu'il retira vivement.
- Arrêtes de te plaindre c'est un p'tit bobo, ça va disparaître, Tête de Poireau ! Et justement, sachant que tu as tous mes Pouvoirs scellés en toi, ça aurait dû t'être facile de me repérer, BAKA !
- Chuuuut, tu casses mon histoire Nee-chan !
Il fit style qu'il pleurait puis reprit son sérieux en un coup. Levant son index il continua, imperturbable.
- Père te laissa cependant la possibilité de voyager entre les deux univers auxquels tu appartenais : celui des Humains c'est à dire Elestreÿa, ainsi que celui des Démons. Mais il ne te le dévoila pas pour que tu ne puisses t'en aller sans son accord. Ce qu'il ne soupçonna pas, c'est que tu allais essayer. Aaaah Père a fait une erreur ce jour là ! Lorsque nous avons remarqué que tu étais parti de ton plein gré, Père demanda de ne pas partir à ta recherche. Tu reviendrais quand bon te semblerait. Après tout, où irait une fillette de dix-onze ans ? Il se trompa une nouvelle fois ahah... Tu ne revins jamais. Trois ans plus tard, il ouvrit quelques recherches discrètes sans en alerter son Royaume, sans m'alerter moi... Si tu savais la gueulante que j'ai poussé lorsque je l'ai appris... Non chut tais toi ou je te scotche la bouche ! Cependant, aucune trace de toi ne furent repérées. Jusqu'à maintenant. Et ouis, moi je t'ai retrouvé Onee-chan !
Il me jeta un regard de vainqueur. Puis il me demanda tout naturellement ce que, moi, j'avais fait, durant ces six longues années.
-Qu'est-ce que ça peut te foutre, hein ?
- Je suis curieux c'est tout. Puis je suis ton frère, Laaaaacie !
- La ferme.
- Chut on dit pas de vilains mots.
- Toi t'en dis pas peut-être ?
- Non moi je suis un gentil garçon.
- Un garnement plutôt... Débile en plus de ça.
Il me sourit en réponse.
- Arrêtes de sourire tu vas avoir des rides à force...
- Dans ce cas Nee-chan tu ne me laisses pas le choix... Vais-je devoir lire tes pensées ?
- Tu n'oserais pas. Tu sais très bien que je te foutrais la raclée du siècle.
- Hum... Je ne crois pas, on essaie ?
Je me préparais à l'assaut. Imaginant le mur qui me protégeait pour qu'on ne puisse pas pénètrer mon esprit comme Mère me l'avait appris. Y mettant toute la force étant en ma disposition. Je ne lâcherais pas. Des secondes, des minutes, des heures peut-être passèrent ? Je ne savais pas, je n'avais plus le compte du temps. Prise de fatigue, je m'endormis.
***
- Ah te voilà réveillée, Nee-chan.
J'ouvrais un œil puis l'autre, et rien que cet effort me parut être exténuant.
- Je vais devoir te redonner des leçons. J'ai gagné hier soir, Nee-chan.
- Quelle heure il est ?
- Hum. 15H00. Tu as beaucoup dormi, tu sais, Nee-chan ? Tu as faim, soif ?
- Hein ?
- Hihi, tiens, boit. Et mange cette pomme.
J'attrapais sans réfléchir ce qu'il me tendait et avaler le tout tandis que mon frère me dévoila ce qu'il avait découvert sur moi durant la nuit.
- Alors. Je sais qu'après nous avoir quitté, tu as vécu comme une sauvageonne dans la forêt pendant plusieurs mois. Tu as, durant ces six ans, dû garder ta forme humaine. Je me demandais si ça avait été gênant pour toi...
- On s'habitue. Dis je en haussant les épaules .
- Oh Nee-chan ! Bien ! Tu réponds à mes question ! Je suis heureux.
- Un rien te rend heureux, gros bêta.
- Je prends ça comme un compliment ? Chut ne réponds pas tu vas casser mon bonheur, Nee-chan...
- Mmmh...
- Puis tu as volé des habits à une jeune femme qui se lavait dans un grand lac. Petite coquine !
Je lui tapai sur la tête, gentiment.
- Revêtue correctement, tu as voyagé à travers le Royaume, volant pour te nourrir et te battant souvent, ce qui laissait des traces sur ta figure que tu cachais d'une cape. Tu as aussi tué bon nombre de gens... Juste comme ça, parce qu'ils t'emmerdaient et te mettaient trop en rogne à un tel point que tu devenais féroce et incapable d'empathie... Une fille sadique. Ce n'est pas bien.
Il agita son doigt dans un signe de mécontentement.
- Parce que toi t'as pas de sang sur les mains peut-être ?
- Il n'est pas question de moi là, Nee-chan !
- Ta gueule.
- Et en plus ça ne te fait plus rien de tuer...
- Hmm....
- Passons, c'est du passé maintenant tu vas redevenir la petite fille distinguée que tu étais auparavant ! … J'ai aussi appris que tu avais sauvé un blondinet ? En dansant sous une pluie de sang.
Ah oui ça c'était il y a six mois. Lorsque j'étais de passage à Olympie. J'étais tellement en rogne que j'ai explosé la gueule d'une dizaine de gars, des lâches, qui s'en prenaient à un jeune qui devait avoir mon âge à peu près. Je les avais empalé à une grande tour qui avait, je ne sais pourquoi, explosée. Le sang coulait comme la pluie, goutte par goutte.
- Regarde, une pluie de sang !Avais-je dit à ce pur inconnu en dansant naïvement sous la pluie pourpre.
Il avait dû me prendre pour une tarée, maintenant que j'y repensais. Habituellement, j'aurais tué sans sentiments le moindre témoin de mes mauvaises actions. Mais lui, je l'ai épargné, allez savoir pourquoi... Il était affaissé contre le mur, couvert de blessures, certaines profondes d'autres non. Son sang coulait le long de sa jugulaire, de ses bras, de partout. Je m'étais découverte de ma propre cape dans laquelle je l'enroulais. J'étais restée plantée devant lui durant plusieurs minutes durant lesquelles je le regardais intensément de mes yeux rubis si peu communs, ceux de mon père. Mais des bruits de pas se rapprochant m'avait tirés de ce long silence. Je me souviens m'être penchée pour chuchoter d'un air mesquin à l'oreille du blondinet.
- Mon nom est Lacie... Ne l'oublie pas...
Puis j'avais disparu comme j'étais arrivée, vêtue plus que d'une simple robe blanche toute fine tâchée de gouttelettes pourpres. Quelques jours plus tard, j'avais revolée une nouvelle cape, noire, aux bordures ornées d'une couleur dorée. Elle me tombait aux chevilles et la capuche cachait tout mon visage, laissant simplement mes cheveux dépasser...
Cela avait été un moment où je m'étais comportée bizarrement.
- Et ça peut te faire quoi, Mak' ? Dis-je en fronçant les sourcils. Ça ne te regarde pas. Tu ne fais pas parti de mon présent mais de mon passé.
- Faux. A présent, je suis ton passé, ton présent ET ton futur.
Il insista bien sur le « et ». J'avais mal à la tête.
- Ne t'en fais pas, ça va passer, c'est parce que j'ai fait le tri pour te comprendre.
- Sors de ma tête...
- Tu n'as cas te protéger.
- Fais le à ma place.
- Ok, Merci de m'accepter avec toi, Nee-chan !
Mak' me sauta dessus et me serra fort contre lui, se faufilant dans mes couvertures.
- Mak' sors de là !
- Non je suis bien au chaud.
- Tu fais chier.
- Moi aussi je t'aime !
- Ta gueule ! BAKA !
- Ouiiin Nee-chan t'es méchante avec moi !
- Je t'emmerde.
- Au fait, j'ai écrit un papier pour ton entrée dans une Guilde cette nuit !
- Tu as fait QUOIIII ?!!
- Chut Nee-chan. NAAAAAAN ne me tapes pas !
Il ébouriffa tendrement mes cheveux et je le repoussais d'une baffe dans sa tête de poireau.
- Tu peux pas prendre une apparence humaine ?!
- Non, c'est marrant quand tu me parles les gens te prennes pour une folle vu qu'ils croient que tu parles toute seule.
- C*nn*rd !
- Mais oui je t'aime !
- Et moi j'te merde...
Il se mit à rire.
- Au fait, tu m'as inscrit dans quelle Guilde ?
- Ahahah.
- Hein ? Je connais pas de Guilde sous ce nom là.
- Mais non, Ahahah SURPRISE !
Je fis la moue tout le trajet jusqu'à cette soit-disant Guilde. Mak' avait « e mprunté » un chariot tiré par une grosse vache avec des cornes. Je lui appris que ça s'appelait un bœuf.
- Tu as beaucoup à apprendre sur mon Monde...
- Mais heu Nee-chan, ton monde est aussi le mien vu que le mien est le tien !
Mes pouvoirs scellés en lui allait bien se réveiller un jour. En fait, c'était à lui de choisir de les libérer. Lorsque je serais en danger, il devrait me les rendre puis les reprendre dès que fini, si j'avais bien compris ses explications...
***
- Chut tu vas la réveiller. ...Chuut je te dis Reiuji ! Non tu ne peux pas lui parler... Ni lui faire un câlin... Tu dois attendre. Elle dort. Non elle ne fait pas que ça. Bon maintenant Rei' ça suffit, si tu ne tiens pas tranquille je te renvoie au Palais !
On me perturbait pendant mon sommeil. Je me levais d'un coup, relevant mon torse comme une pile éclectique. Mais je fis un saut en arrière lorsque je vis deux yeux violets me contempler de très près. Une personne s'était penchée sur moi, et je ne sais depuis combien de temps. J'étais si fatiguée que ça, pour ne même pas remarquer qu'on m'observait ? Habituellement, je le sentais...
- Hello Nee-chan ! Me lança mon frère par dessus mon épaule qui continuait de conduire la calèche.
La jeune fille qui me surplombait continuer son examen tout en me reniflant de partout. Gênée, je l'attrapai par le dos de son tee-shirt rosé et je la déposais plus loin.
- Assis.
Et elle s'éxécuta, ce qui me fit partir dans un fou-rire comme je n'en avais pas eu depuis longtemps.
- Ah tu as fait la connaissance de Reiuji à ce que je vois, Nee-chan. Je vais être franc, c'est notre petite sœur.
Là, un grand blanc s'installa. Pe...tite... Soeur ?
- Heiin ?!! Et tu ne pouvais pas m'avertir plus tôt ? BAKA, BAKA, BAKA !!!
Et je continuais à crier ce dernier mot tout en tapant sur mon frère, telle une furie. Ma jeune sœur que je venais à peine de rencontrer et dont je ne connaissais même pas l'existence jusqu'à maintenant, m'attrapa par ma manche. Je m'arrêtais dans mon élan, et, de surprise, je reculais jusqu'à tomber assise à côté de mon frère, sur un espèce de banc en bois sur lequel on conduisait. Reiuji me sourit timidement, se mordillant le bout d'un de ses pouces. Elle se tortillait sur place en ne faisant que répéter « eto ». Elle était vraiment mignonne je dois dire, et elle avait une ressemblance avec ma forme de Démon lorsque j'avais son âge.
- Tu dois te poser beaucoup de questions, Nee-chan. Reiuji a treize ans. C'est une fille à Père issue d'une de ses aventures. Je sais, ce n'est pas très bien. On a découvert il y a seulement deux ans qu'elle existait. Elle est Kawaïï, pas vrai ?
Je hochais la tête. Que dire de plus en même temps. Reiuji continuait cependant avec ces « eto ».
- Eto... eto... e... Lacie-nee-chan ? …
- Hmm ?
- Je peux... vous appeler Nee-chan ?
- Hmm. Et arrêtes de me vouvoyer.
- Ne fais pas attention Rei', elle est froide mais au fond elle est gentille.
Attrapant une de mes chaussures, je frappais sur la tête de mon frère en grommelant des mots incompréhensibles. Lorsque je me retournais, ma jeune sœur n'était plus là.
- Elle est partie.
- Oui, elle va dire à Père que tu vas bien. Qui sait, un jour elle nous rejoindra peut-être ?
- Hmm. Toi dans mes pattes c'est d'ja suffisant.
- Mais elle est siiiii mignonne ! Continua-t-il en se dandinant sur place.
- Et alors ?
- Elle te ressemble. C'est pour cela que Père l'a acceptée. Elle lui faisait penser à toi. Tu sais, tu lui manques?
- Ouais c'est bien. Mais j'm'en fous.
- Chut il ne faut pas dire ça, Nee-chan!
Je haussais les épaules, signe que ça n'avait guère d'importance à mes yeux.
- Si tu es gentille, Nee-chan, je te rendrais ta forme de Démon.
- T'as plutôt intérêt. … C'est de l'hironie.
- Non, là, tu disais ce que tu veux au fond de toi-même. Tu l'aimes, ta vraie forme.
- Ta gueule.
- Oh Lacie ! Regarde, on arrive.
Je tendais le cou, essayant d'apercevoir un panneau indiquant l'endroit où nous étions. Une ville... Dalastïa. La capitale d'Antartsia, le Pays le plus en paix des trois.
- J'ai compris... Campain Elves, c'est ça ? …
- Exactement. Montre moi que tu es prête à te contrôler et à ne pas saccager le monde des Humains.
- Facile à dire. Ils ont tué ma mère, je te rappelle, au passage...
- Je sais. Pardonne leur.
- Impossible.
- Tu es à demi humaine .
- M'en fous.
- Je te laisserais tes pouvoirs seulement pendant les combats. Si tu vas trop loin cependant, je te les retirerais.
- Si ça peut te faire plaisir.
- Puis... Je pense que les gens n'ont pas besoin de voir ton côté démon, ton apparence, ta vraie apparence. Il insista sur le mot « vraie » bien comme il faut.
- Hmmm.
Campain Elves, la Guilde qui réalisait des missions en faveur de toutes personnes, juste pour répandre le bien. Cela me faisait bien rire. Ahah ces Humains ; ils sont pitoyables quand on y pense... Répandre le bien, pour mieux semer le mal. Puis récolter les fruits de la Haine.