Une démarche assurée. Un teint pâle. Une épée dans une main, longue de deux mètres, voir plus. Cette ville est un lieu de passage commercial. Les destinées se mêle et s'emmêle, s'accrochent et se décrochent, couple, amitiés, histoires et haines se forment pour mieux se déformer. Cette ville est une petite réplique de ce qui retient les mondes les uns aux autres. Un tourbillon de lien. Qu'est-ce qu'un lien ? Est-ce magique ? Est-ce abstrait ? Est-ce qu'ils sont réels ? Où sont-ils simplement des concepts qu'on a voulus inventer pour mieux solidifier la réalité des relations humaines ? Les âmes étaient toutes reliées par un lien, pour mieux retenir les neufs mondes et éviter qu'ils ne dérivent. Mais l'amour, était-ce un lien ? Pouvait-il être éternel ? Est-ce que les sentiments passés resteraient-ils toujours les mêmes ? Est-ce que comme le vent façonne les montagnes avec le temps, les liens pouvaient-ils s'éroder ? Se désagréger ? Qu'en était-il de tous ces rites physiques ou spirituels ? L'union de deux personnes était-il quelque chose qui ne changerait pas une fois qu'elle eusse lieu, même si dans le présent elle était fausse ? Est-ce que par la destruction des liens, d'autres s'en créaient ? Sûrement. Peu importe comment Atios était seul désormais, il était lié à Elestraya tout entier... Il était devenu le mage noir Atios, l'auto-proclamé roi et prince des voids, le porteur, l'avatar et le messager de la fin. Ange. Celui qui porte le message de Dieu. Et si ce message était-il sombre, dangereux, effrayant ? Qu'était-il ? Un démon? Un ange ? Un mage ? Un humain ? Est-ce qu'un mage restait un simple humain, dès lors qu'il défiasse les lois de la physique et qu'il joue avec l'univers comme d'un instrument ? Lui possédait un très grand pouvoir. Il connectait, déconnectait, affichait, les liens, les cœurs, les âmes...

Mais comment un pouvoir aussi joli sur le papier finissait par être craint ? Seul le royaume de l'ouest était tranquille ces derniers temps. Le royaume d'Antartsia et son confrère au nord frémissait. Atios, le mage noir courait toujours. Sur chacune des haltes, il avait tué des tas de gens. Ses victimes dépassaient déjà la centaine. Qu'ils soient, militaires, enfants, vieux, jeunes ... Il était décrit comme un jeune homme au visage enfantin, aux cheveux un peu touffu, dans un manteau noir, portant une écharpe par tous les temps. Ses yeux étaient soient d'un rouge cramoisi, soit d'un marron foncé semblable à du noir. La nature et l'étendue exacte de ses pouvoirs étaient inconnus, on savait juste qu'il se servait d'une magie puissante, ancienne, voir même disparue. Et surtout, tout le monde savait qu'un mage noir qui n'était pas rapidement arrêté, était rapidement amené à devenir de plus en plus puissant. Et au vu des exactions de ceux-ci, lentement l'incertitude et la terreur allait se répandre. Cela faisait quoi, Atios, d'être devenu ce que tu avais proclamé vouloir devenir ? Tôt ou tard, on écrirait des livres sur toi, pour te décrire comme un fléau de toute vie. Tu aurais besoin de plus de puissance, car tu n'étais pas le seul mage capable de défier ces fameuses lois de la matière... Mais tu le savais, ton pouvoir serait grand si tu le développais jusqu'au bout. Tu avais la capacité de devenir un dieu parmi les hommes. Plus qu'un Dieu, moins qu'un humain. Devenir une existence unique, dont les choix moraux seraient à ta libre disposition. Tu n'y étais pas encore, mais tôt ou tard, tu voudrais pouvoir décider de ceux qui mériteraient ou non d'être sauvé... Alors que ses pensées valsaient dans son crâne, Leindres s'était transformée en champ de bataille.

Encore une fois, brutale, la terreur avait frappée. Les gens ne savaient plus où se cacher. Les enfants pleuraient. Les gens tentaient de se sauver. Tu brisais les voids sans aucun remords. Tu découpais. Tu enfonçais les cisailles de la vie sans aucun remords. Ici, personne n'était assez proche de toi pour te faire regretter. Tu n'étais plus humain. Tu étais entre la divinité et l'humanité. Tu n'étais ni ange, ni démon, pourtant certains pouvaient voir en toi ces deux facettes. Tu étais en pleine ascension de ta condition physique. Ta marque sur la main n'était qu'une preuve supplémentaire de cet état de fait. Tu n'avais plus besoin d'être humain. De sentiments non plus. Parce qu'on t'avait tout enlevé. Ton cœur était vide. Alors tu tuais. Sans aucuns remords. La garde était venue t'empêcher de sévir. Mais elle n'y arrivait pas. Les pertes étaient lourdes. Ta magie était bien trop puissante pour eux. Tu pouvais éviter les flèches, te protéger des lames. Tu ressentais même les âmes dans ton coeur. Quiconque croisait ton regard sentait ton désespoir... Leindres et sa place centrale se vida peu à peu après quinze minutes de lutte acharner. Ici, personne ne pourrait t'arrêter. Il fallait un mage royal. Il fallait quelqu'un de puissant. L'un d'entre eux était proche, tu le sentais. Enfin un défi à ta mesure. Le mage noir sourit. Les flammes sont projetées vers lui, alors qu'il rentre dans sa garde grâce aux cercles protecteurs. Le mage saute en arrière, fait apparaître un cercle d'incantation. Tu l'entends murmurer. Des explosions apparaissent tout autour de toi. Les boucliers tiennent bon alors que tu voles en arrière, à travers les étales qui se brisent. Tu te relèves, ton regard caché par les mèches.

Le mage noir rit. Son aura se diffuse, encore plus fort. Il se sent vivre. Atios se sent enfin vivre. Il existe. Quelqu'un cherche à l'arrêter. Enfin. Les cristaux se diffusent de sous ses pieds, corrompant lentement les corps tout autour alors qu'il s'avance en déviant des boules de feu et en tentant de trancher le mage royal, agile, qui esquive tant bien que mal de la frénésie du jeune garçon au désespoir sans fin. Les explosions détonnent de partout. Les claquements d'épées tonnent. Le mage royal faiblit alors qu'il se prend soudainement un coup de poing à l'intensité augmentée par magie et qu'il s'écrase contre un mur. Il se relève, projetant un nova de feu autour de lui, que le jeune mage noir esquive d'un saut périlleux avant. Atios sourit, son épée partant d'un coup contre le torse du mage noir qui se fait faucher. Il explose soudainement en flammes et va se recomposer ailleurs, haletant. Atios se mit à rire ... L'issu du combat est certaine. Le mage de feu se prépare à lancer un ultime assaut. Des tas de débris en feu se soulèvent et se mettent à harceler le mage noir qui se fraye un chemin vers lui. Entre les acrobaties, il envoie l'épée dans sa main gauche. Le combat est décidé, son bras droit s'enfonce dans le torse du mage royal. Sa main se pose sur le void. Toute activité magique du mage est suspendue alors que la place est en flammes. Tu en ressors une pipe. Ton bras droit se met à briller plus que d'habitude alors que le void est copié dedans. Il s'est bien battu, alors tu ne sais pas quoi faire. Soudainement, tu entendis un cri. Une petite fille, dans les flammes, cernée. Elle n'a pas peur de toi. Elle a simplement peur de tout. Le mage noir se mordit la lèvre, tenant son adversaire inconscient dans ses bras, il bondit jusqu'à elle pour la tirer des flammes, alors que l'enfant, surprise, se débat. Tu t'éloignes de la place en feu, direction la capitale... Tu laisses le mage blessé au sol, avec la jeune enfant. Et sans rien dire de plus, le mage noir parti, ne laissant que désolation derrière lui.