Assis à une table de notre quartier général, une coupe de vin corsé à la main, j'attendis que quelque chose se passe. Je fis tourner le liquide dans la coupe dorée en la regardant avec lassitude. Les autres chevaliers de Djinn Arms discutaient entre eux, se pratiquaient avec une arme alors que moi, je patientais. Je regardais par une fenêtre pour constater les rayons qui traversaient dans la pièce. Puis, il y eut un des conseillers du roi qui s'approcha. Le voyant prendre place en face de moi, je déposai ma coupe et rassemblai mes mains en face de moi. J'attendis patiemment qu'il ouvre la bouche pour m'informer de la future situation.

«Sir Nareku, avez-vous quelques minutes à m'accorder?»

«Certes, que puis-je faire?»

L'homme à la tunique brillante déroula un parchemin et l'étendit sur la table pour que je le lise. Celui-ci parlait d'un groupe d'individus qui s'était aventuré dans le désert de Rak et qui ne se seraient jamais rendus à destination. Je levai les yeux vers mon interlocuteur pour lui donner le signal que tout avait été lu.

«Alors, acceptez-vous cette quête et être celui qui sauvera ces aventuriers?»

«J'accepte les conditions et je partirai au coucher du soleil.»

L'homme me sourit, roula le parchemin et l'attacha d'une ficelle avant de me le donner. Il ouvrit un second parchemin qu'il me fit signer pour rappeler aux archives que j'aie été celui qui s'est aventuré au désert, seul. Je lui fis un signe de tête pour qu'il puisse disposer. Je bus d'un trait ce qui me restait dans ma coupe et quittai la pièce en direction de mes quartiers. Je rassemblai quelques affaires dans mon sac, mis mon armure, m'équipai d'une épée, d'une dague et d'une lance et quittai en direction de l'étable. Mon destrier à la couleur sable et à la crinière blanche m'attendait en faisant claquer ses sabots contre le sol. Je fouillai dans mon sac et lui tendis une pomme qu'il mâchouilla avec appétit. J'installai la selle et tout le reste tranquillement.

Mon départ prêt pour le coucher du soleil, je pouvais partir du palais sans crainte. Je traversai la ville au trot et dès que les sabots frappèrent un sol libre, j'ordonnai à mon cheval d'accélérer le rythme. Je n'avais pas l'intention de m'attarder sur la route et perdre mon temps. Le coeur rempli de courage et de fierté, le corps penché vers l'avant sur mon destrier, nous nous avançions au grand galop sur un chemin rocailleux qui nous fit descendre de ces montagnes rocheuses. La route n'était guère droite et mon cheval manqua de peu de trébucher vers l'avant ou contre un arbre mort. Nous réussîmes à quitter ce territoire et atteignions le désert pendant la nuit. J'offris une pause à ma monture. Je bus quelques gorgées de mon eau avant de la lui partager et de lui faire manger une seconde pomme.

Nous reprenions notre route quelques minutes plus tard. La lune éclairait à merveille ma vue dans ce désert. Je n'avais pas besoin d'une torche ou autre source lumineuse qui me limiterait le champ de vision. Au loin, j'arrivais à voir quelques ombrages autour d'un feu. Étaient-ils ces fameux aventuriers perdus? Je fis arrêter ma monture près de ces étrangers maintenant debout, nerveux de ma présence. Armé, j'aurais pu me faire passer pour n'importe quel brigand. Sur leurs gardes, ils me sommaient de répondre à leurs questions:

«Qui êtes-vous? Que voulez-vous? Que faites-vous ici?»

«Une question à la fois je vous prie. Je suis le Chevalier Luzer Nareku de Djinn Arms. Je suis venu prendre de vos nouvelles et vous escorter jusqu'à destination.»

«Nous escorter? Nous n'avons pas besoin d'être escortés!»

«Il semblerait que si.»

«Partez monsieur le Chevalier! Nous sommes des aventuriers! Nous n'avons pas besoin d'être sauvés! Sinon...»

«Oserez-vous aller contre les ordres du roi lui-même? M'affronter ici serait l'affronter lui, en face. Et cela je ne peux pas le permettre.»

Le doute se répandait dans leur coeur et une consultation du regard s'effectuait. Ils ne savaient plus si m'affronter leur serait une bonne idée. Leurs armes d'apparence se limitaient à des torches, des dagues et des bâtons. Les dents serrées, la peur dans l'âme ils décidèrent de me foncer dessus aussi bravement que le tremblement de leurs jambes pouvait leur permettre.


Une poussière violette vola de la paume de mes mains pour atteindre les voies nasales. Respirée profondément, cette technique endormait des gens de leur expérience au combat. Quelques secondes passèrent et avant même qu'ils purent m'atteindre, ils sombrèrent dans un sommeil profond. Ces trois aventuriers avaient été mis au tapis trop facilement. Peut-être avaient-ils eu une journée difficile? Je les attachai les trois sur le dos de mon cheval avec une corde que je trouvai dans leurs affaires, j'attachai leurs sacs sur mon destrier et marchai à côté en guidant celui-ci vers la destination en question. À peine les premiers pas furent faits qu'ils se réveillèrent et se mirent à s'agiter.

«Calmez-vous messieurs, je vous amène là où vous devez aller. Vous pouvez vous reposer pendant ce-»

«QUOI?! Mais nous vous avions dit que nous ne voulions pas y aller! Vous êtes sourd?!»

«Je ne fais que suivre les ordres. Ne m'en voulez pas parce que je vous rend service.»

«Il n'y a vraiment rien à faire avec vous, hein...?»

Je ne répondis pas à cette question. Le silence poursuivit son cours jusqu'à ce que nous atteignions Rakian: leur destination première. Le soleil se levait et nous étions parvenus à la ville. Des gardes étaient postés à la porte et sourièrent en me voyant arriver avec trois individus. Un d'entre eux me dit de vive voix:

«Ah! Vous avez réussi à les capturer!»

«Je vous demande pardon?»

«Ces trois gars sont soupçonnés pour le meurtre et le vol d'une famille. Vous n'étiez pas au courrant?»

«Peu importe. Prenez-les, ils sont à vous.»

Je détachai les criminels et les remettai à la garde. J'entrai dans la cité qui me paraissait plus comme un bidonville qu'autre chose pour y passer ma journée à dormir. Traverser un désert en plein jour était une des pires idées, surtout que je n'avais pas dormi... Le soleil sur le point de se coucher, je retournai au palais au galop, une nouvelle et première récompense dans ma bourse...