Alliasta était la ville portuaire la plus prospère du pauvre royaume de Tarian. Ce qu'Atios ne savait pas à ce moment-là de la visite dudit pays, c'était qu'il allait sûrement avoir le destin de ce dernier sur les bras sous peu. Mais pour le moment, il avait un contrat sur les bras. Sautant de toits en toits, son manteau noir habituel freinait ses chutes dans l'air. L'ombre bondissante, venue perpétrée l'un de ses crimes étaient annoncées. La ville ne dormait pas tant que ça la nuit, néanmoins personne ne regardait le ciel et personne ne voyait cette forme dans les ténèbres qui se dirigeaient vers l'un des remparts de la ville. Pourquoi les remparts ? Après s'être débarrassé d'un chevalier Tarian, il avait repris sa route pour aller se débarrasser de ce lieutenant véreux et cruel. Lui ? Justicier ? Disons qu'il avait plus de mal à tuer un innocent qu'un homme qui était coupable d'injustice. C'est pourquoi il avait cherché un contrat où il n'aurait pas trop à se reprocher. Il devait s'y soumettre : il n'était pas le mal. Même s'il avait choisi de le faire, même s'il s'efforçait de coller à cet archétype, il était trop sensible, trop humain. Préoccupé, il s'avançât donc jusqu'à la fenêtre des dortoirs de la garnison de la ville. S'avançant en silence, a pas de Loup, félin, il s'approcha du pauvre homme qui dormait. Les Shears Of Life apparurent alors et le jeune mage fit lentement entrer la paire de cisailles dans l'âme de sa cible. Et il coupa, de sang-froid, le lien vital du Lieutenant, qui mourut en silence, sans pouvoir réagir à ce qui lui arrivait. Personne n'avait entendu son forfait. Demain, les gens verraient avec horreur, l'homme, mort sans raison apparente, sans que quiconque puisse identifier son meurtrier.

Le jeune mage se rendit sur les remparts où des soldats faisaient des rondes. Se faufilant parmi les ombres, il descendit à l'extérieur de la ville et s'éloigna lentement sur les routes, en direction du royaume d'Antartsia. Mais un vilain frisson parcouru l'échine du jeune homme. Une voix, cristalline, douce, retentit alors :

▬ Te voilà donc, petit Roi. Tu n'es pas facile à attraper, mais nous avons enfin pu te mettre la main dessus.

Atios retourna, pour faire face à une très jolie jeune fille. Une jeune fille qui lui rappelait quelqu'un qu'il avait perdu. Ève. Derrière elle se trouvait une figure encapuchonnée dans un grand manteau rouge, son visage était totalement encapuchonné. Mais lui aussi, lui rappelait quelque chose. Le mage noir se mit à paniquer. Son coeur se mit à battre à grande vitesse... Qui étaient ces deux personnes ?

▬ Je suis Lillith. Et lui, c'est Nahash. Nous sommes tous les deux venues te voir, Petit Roi. Car tu es le véritable Roi. Celui qui possède l'autorité sur les autres dès sa naissance. Mais tu n'es pas complet...

Le dénommé Nahash baissa capuche et sorti un void en forme d'épée de la poitrine de la dénommée Lillith. Atios déglutit difficilement. Il se refusait de comprendre. Parce que celui qui lui faisait face ... N'était rien moi que lui en plus grand. Peut-être plus âgé. Il se mordit la lèvre au sang. Qu'allait-il faire ? Comment allait-il s'en sortir ? C'était un cauchemar. La magie qu'il utilisait avait belle et bien une règle.... Il ne peut y avoir qu'un seul et unique roi. La présence d'un second était toujours la faute du premier. Mais ce nouveau "Roi" possédait, il semblerait une partie d’Ève. Oui .... Atios fit apparaître le void de sa bien-aimée pour se défendre, les lames de cristal se fracassant l'une contre l'autre avec férocité. Il était face à l'un de ses égal. Mais ce dernier ne semblait pas humain. La dénommée Lillith sourit alors et ajouta :

▬ Tu viens de comprendre qui nous étions, n'est-ce pas ?

Oui. Atios venait de le comprendre. Lors de la défaite d'Adam... Il avait survécu grâce au sacrifice d’Ève.

▬ Nahash est la manifestation de tes pouvoirs perdus et tout ce que tu t'étais refusé à cette époque-là. Quant à moi, je suis les fragments de celle que tu aimes.

La révélation le fit craquer. Il savait que tout était sa faute. Il savait qu'à cette époque-là, s'il n'avait pas été faible et naïf, Ève ne serait pas morte ... Mais il n'avait pu se résoudre à tuer son meilleur ami, malgré ses meurtres et ses trahisons. Il était idiot. Ses larmes coulèrent alors que sa poigne s'affaiblit, permettant à Nahash de le faire voler en arrière. Il ne se releva pas pour autant. Il n'avait pas la volonté de se relever de toute façon. Mais à sa grande surprise, la lame-coeur de Nahash ne se planta pas dans sa poitrine. Au contraire, la situation était totalement folle. Lillith s'était avancée vers lui et s'était assise à califourchon sur lui. Avec un grand sourire, elle l'embrassa alors qu'il ne comprenait plus rien, ses yeux grands ouverts et couverts de larme n'étaient que des preuves supplémentaires de la situation qui lui échappait :

▬ Nous ne sommes pas là pour te tuer. Pour ma part, étant issue de la même personne qui t'aime, je ressens la même chose pour toi que cette dernière. Nous sommes venus à ta rencontre, car sans toi, nous disparaîtrons tôt ou tard. Mais avec nous, ton pouvoir sera de nouveau complet .... Tu pourras revoir Ève. Mais contrairement à moi, Nahash te déteste. Alors, accepte-moi en toi et va conquérir ton droit de royauté sur la vie, mon cher Vrai Roi....

Les yeux d'Atios se révulsèrent. Vide de toute expression, sa main se dirigea vers la poitrine de la jeune fille aux cheveux bleus clairs. Et sa main droite s'infiltra dans la poitrine de cette dernière, comme s'il allait sortir son void... Mais au lieu d'en sortir quoi que ce soit, Lillith se mit à disparaître en particules bleutées, semblables à des lucioles, pour venir se déposer sur lui. Très vite, il sentit trois nouvelles présences. Mais il ne pouvait les reconnaître. Il lui manquait quelque chose ... Et cette chose, elle était devant lui. Sa transe, son état second s'était prolongé. Il se sentait si bien... Il se sentait si fort. .. Il était supérieur à toute forme de vie qu'il avait vu jusqu'ici. Il était le Roi. Celui qui portait la marque d'autorité sur les âmes. Ce qui lui manquait pour que son pouvoir soit à nouveau complet était devant lui. Cette partie de lui. Se propulsant à la hauteur de son adversaire, il posa la main gauche sur le void de Lillith qui se décomposa de la même façon que sa propriétaire. Atios bloqua difficilement un coup de poing de son adversaire. Ce dernier semblait être fait de .... Cristaux. Oui, il était aussi résistant que le cristal. Le jeune Roi battit en retraite et serra le poing vers l'avant. Sur la paume de sa main, le symbole des Rois se mit à briller avec un éclat plus fort que jamais. .. Et là, à la plus grande surprise d'Atios, qui ne contrôlait plus rien, Adam se matérialisa sous ses yeux, le void d’Ève dans la main. Sa bouche s'anima tout seul :

▬ Toi qui es le traître à l'origine de tout ... Adam, mon serviteur, je t'ordonne de maîtriser Nahash.

▬ Il sera fait selon votre désir, votre altesse.

Et tel un félin, ce dernier se rua sur son adversaire et se mit à l'attaquer de toutes ses forces face au mage noir spectateur. Le combat fut rude, mais Nahash, désarmé, ne pouvait rien faire et fut rapidement acculé par Adam, qui lui était armé. Finalement, coincé au sol par son adversaire, le roi vint poser sa main droite sur le torse de l'adulte en manteau rouge qui tentait de se débattre et qui soudain, se mit à parler, pour la première fois :

▬ Tu fais équipe avec ce traître ?

▬ Le pardon est une arme puissante.

Et lentement, Atios absorba cette partie de lui-même qui avait été séparée. Et cette nuit-là, la renaissance du roi fut complète. Adam s'agenouilla devant son Roi et disparu dans une nuée de luciole bleu. Finalement, une nouvelle présence apparue dans son dos et l'étreint avec tendresse.

▬ Tu m'as manqué, Atios.

▬ Moi aussi, tu m'as manqué, Ève.