Le vent soufflait avec force. Le manteau noir du mage noir semblait danser autour de lui alors qu'il avançait difficilement, pas par pas, vers l'avant. Le soleil était chaud et porter du noir était un véritable calvaire, mais le jeune garçon assumait son code vestimentaire. Il devait faire connaître ces habits sombres si particuliers, plutôt que son visage. Combien de temps son corps tiendrait-il sans s'alimenter plus encore ? Il ne le savait pas. Son corps tout entier ne lui faisait pas mal, mais il se sentait prêt à tomber au sol dans ce désert vide à perte de vue. Pourtant, il ne devait pas gâcher cette vie qu'il haïssait tant. Le sacrifice d’Ève ne devait pas être vain, même s'il souffrait tant du départ de celle-ci. Sans elle, le monde semblait si vide. Quand il fermait les yeux, il pouvait l'entendre... La complainte des chaînes reliant les âmes. Et lui, qui était désormais libre de toute contrainte, flottant dans cet univers où il était une sorte de fantôme. Il avait l'impression qu'en lui coupant ce lien, il s'était élevé. Comme s'il avait été libéré de l'apesanteur pour lentement se mettre à flotter au-dessus du ciel et s'envoler vers les étoiles, fixant les gens aux sols comme des petites poupées de cire. Il avait l'impression de nager pour atteindre la surface où sa bien-aimée l'attendait, alors qu'une force irrépressible cherchait à les séparer. Leurs doigts avaient beau s'effleurer, il manquait d'air et la pression mêlée à la gravité le rejetait vers la surface lumineuse. Mais le plus horrible était encore quand le jeune mage noir sortait la tête de l'eau. Il n'avait pas été rejeté à la surface d'un monde lumineux, oh non... Il se retrouvait plonger dans un océan de désespoir où il était naufragé, loin de toutes terres, toutes attaches ... Loin de tous, il était seul. Désespérément et dramatiquement seul.

Il était un naufragé dans l'océan des âmes. Le refrain de sa propre existence, pertes, déception, amour, regrets, pertes... Encore et toujours, il s'était relevé. Encore et toujours, il avait continué d'avancer. Encore maintenant, il avançait malgré les difficultés. Même s'il se demandait pourquoi, même s'il ne savait pas où il irait ensuite, ni où il finirait. La logique voudrait que ses muscles des genoux se relâcheraient, qu'il tombe à genou, puis sur le ventre, se laissant avaler par la pression de l'univers, par les vagues de sable du désert... Pourtant, son corps et son âme cassée, continuait d'avancer malgré les blessures présentes jusqu'aux racines, jusqu'aux fondements même de son existence. Pire encore, il s'était enfermé lui-même dans cette solitude. Personne ne pouvait l'aider, mais personne ne voudrait non plus le sauver. Il était devenu un ange de la destruction. Le messager de la fin. Le démon sans coeur qui faucherait la vie sans regrets... La seule chose qui le rendait encore humain, c'était la sueur sur son front et ses cheveux qui s'écoulaient à cause du soleil de plomb du désert. Son haut blanc, possédant deux lignes rouges, l'une verticale et l'autre horizontale, se collait à sa peau recouvertes de sueur. Tout son corps subissait cette chaleur envoyée par l'astre solaire, rond, jaune, brillant, éclatant, aveuglant, écrasant, lourd, qui semblait le narguer de sa position haut perchée dans le ciel. Quelque chose en lui semblait vouloir s'endormir alors qu'une autre partie de lui-même voulait se réveiller pour mieux hurler. Sa tête tournait alors qu'il avait la douce sensation qu'autour de lui, le monde s'effaçait lentement. Où se trouvait-il ? Avait-il terminé sa ronde dans le désert ? Où irait-il ensuite ? Et pourquoi faisait-il ça ? L'argent lui servirait à quelque chose ?

Non, l'argent était pour ceux qui vivaient... Lui n'avait plus de vie. L'argent qu'il recevait de ses crimes et ses méfaits ne lui servirait à rien. Soudainement, un bruit releva les yeux du jeune homme. Au sommet d'une Dune, en contrebas, une patrouille Antartsienne - reconnaissable par leurs emblèmes - semblait prêt à s'avancer vers lui, sûrement pour l'interroger, voir le capturer. Le jeune homme ne perdit pas de temps et fit apparaître l'arc du chasseur pour commencer l'assaut. La flèche fit mouche et le projectile transperça le pauvre soldat qui se couvrit de cristaux. Atios serra le poing, le faisant voler en éclat, tuant quelques soldats autour de lui et répandant le virus sur les alentours. Une nouvelle flèche vers l'un des soldats qui courait vers lui, épée levée, l'envoyant valser en arrière en bas de la dune. Le jeune garçon ayant perdu son âme -sœur fit apparaître le void de sa chère et tendre pour mieux finir ce qu'il avait commencé. Aucun d'entre eux n'avait le niveau nécessaire pour tenir contre lui... Ils tombaient uns à uns, si bien qu'ils sonnèrent rapidement la retraite en vain, poursuivi par un surhomme impitoyable, capable de les tuer à distance autant que de les poursuivre... Il soupira en reprenant sa route, se rendant compte après quelques heures, qu'il avait fait le tour complet du désert et qu'il pouvait procéder au quatrième ordre de mission....